mardi 1 février 2011

"Du public au commun"

Des intellectuels de la gauche européenne comme Antonio Negri se cherchent une voie. Devant l'impasse politique où conduit un système de droit réduit au duo (antagoniste?) public-privé -c'est leur diagnostic de la situation du monde moderne- ces socialistes et communistes désenchantés ne parviennent pas à se résigner devant la pensée néolibérale et le culte de l'individu-parvenu. Ils ont un blog avec comme fond d'écran devinez quoi? Hé oui, un courant d'eau! Ils y annoncent la tenue d'évènements débats-échanges-discussions.


Les conférences au Musée de la Civilisation vont toucher des questions fondamentales des paradigmes légaux sur lesquels reposent le statut de l'eau (bien privé, public), des questions aussi abordées dans le blog référencé ici. Donc une occasion de ne pas avoir à traverser l'atlantique pour entendre les analyses fouillées de chercheurs et chercheuses spécialisé/es.

J'ajoute une remarque: Au début de ce qu'on appelle les Empires chrétiens d'Orient et d'Occident est apparu une refonte du code de loi hérité des Romains. Concernant les catégories de choses l'empereur Justinien I promulgua la notion nouvelle de "res communis" (il le fallait bien pour répondre au besoin de cette nouvelle forme de vie communautaire instaurée par les chrétiens) qui fit un bout de chemin au Moyen-Âge sans réussir à s'imposer. L'appât du gain public ou privé a vite repris le dessus et Negri en particulier estime que c'est le vide juridique autour de cette notion qui bloque l'état du monde dans un mal développement. En effet, jusqu'à récemment, le bien commun était un concept du droit canon, utile "à l'intérieur de l'Église", mais ignoré de la Common Law moderne ou du Code Civil.... La loi québécoise sur l'eau parle d'un patrimoine à caractère public.... Chercher le courant, serait-ce chercher le commun, le communautaire?

En terminant je dépose aussi un petit extrait du texte d'introduction du blog proposé:

Du public au commun : présentation du projet.

Contribuer à frayer de nouvelles voies à la pensée sociale et politique, telle est l’ambition du séminaire « Du public au commun » qui se tiendra en 2010-2011 à Paris.

Le défi n’est pas mince. La logique néolibérale de privatisation et de concurrence s’est épanouie sur les ruines du « socialisme » et du « communisme » dans leurs expressions historiques étatiques. Qu’il ait été dicté par la résignation ou par le calcul, le consentement à cette logique a conduit à la destruction de toute opposition consistante. Lui opposer les morceaux dépareillés des « systèmes » idéologiques et théoriques anciens relèverait d’une impasse historique. En particulier, il serait stérile de s’enfermer dans une posture de « défense des services publics » qui condamnerait à camper sur une position purement défensive. La crise actuelle du système capitaliste nous impose d’ouvrir une alternative qui soit à la hauteur de ses enjeux et qui permette à la gauche de reprendre l’offensive sur le terrain des idées.

Nous sommes convoqués à penser autrement l’avenir, à penser avec de nouveaux concepts. Le « commun » n’est pas un spectre, il est une idée neuve. Le terme n’est pas un slogan simplificateur et commode, il désigne bien plutôt un espace de problèmes, il n’est pas une réponse, mais un champ de questionnement. Il veut dire tout à la fois un refus et une intention.
........

3 commentaires:

  1. Ce terme "Communs" vient tout droit d'un très ancien concept médiéval britannique: "The Commons" qui désignait les terres non soumises à l'autorité du Seigneur et qui étaient partagées par le paysans pour la pâture des troupeaux et les récoltes de vivres pour les animaux et pour la "gentry". Le seigneur pouvait toutefois y pratiquer son privil`ge de chasse au gibier et au renard, ce qui faisait la joie des familles qui élevaient des poules. Un dossier complet sur The Commons se trouve dans L'encyclopédie de l'Agora.

    RépondreSupprimer
  2. Le commentaire précédent est vrai, les Iles Britanniques ont utilisé ce concept légal au Moyen-Äge, mais l'origine de cette notion légale est plus vieille encore, elle remonte au Codex Justinianus au début du 6ième siècle à Byzance. Les puissants ont plusieurs fois pensé avoir enterré définitivement le Bien Commun. Il ressort encore et toujours plus fort.

    RépondreSupprimer
  3. @Fernand

    Pas besoin de remonter au Néandertal. Restons au XXIe siècle, on en a plein nos bottes.

    Oui, nous avons parfois besoin de repères historiques, mais de là à remonter à Justinien pour essayer de comprendre la rapacité des capitalistes contemporains, il y a une limite.

    Sachons rester concret et n'utiliser l'érudition, louable en soi, que dans des contextes qui s'y prêtent. L'objectif de ce blogue est la problématique de l'eau! Donc pertinence aux problèmes actuels, avec un certain recul historique à l'occasion, et des références claires et des hyperliens pertinents.

    En passant,l'utilisation de target="_blank" dans un hyperlien, c'est très utile...

    Et je le rappelle, le sujet de ce blogue, c'est l'eau, aujourd'hui et maintenant. Évitons les articles-fleuves; les lecteurs préfèrent les articles concis, bien découpés (une idée un paragraphe) et pour le reste, on peut se référer aux Wikipedia de ce monde!

    RépondreSupprimer