mardi 21 juin 2011

Le climat et les contrôles du gouvernement frappent les paysans boliviens

Traduction d'un article de CARLOS VALDEZ, Associated Press 19 juin 2011
ACHACACHI, Bolivie (AP) — les agricluteurs boliviens furent frappés de toutes parts depuis un an. Sécheresses, inondations, incendies ont forcé la pauvre nation andine à importer des denrées de base à une échelle inouïe.

Mais la nature ne fut pas la seule affliction. Les paysans blâment le gouvernement d'imposer un contrôle des prix et des restrictions aux exportations, au lieu de laisser prévaloir les forces du libre marché, à l'instar des autres nations latino-américaines ayant souffert tout autant de la mauvaise météo.

Dans les basses terres de l'Est bolivien, le soja qui d'ordinaire aurait été exporté a langui dans les silos car il ne pouvait trouver preneur sur le marché local." Nous étions déjà affligés par le climat quand notre gouvernement est survenu avec ces décrets interdisant les exportations" déplore Demetrio Perez, un producteur de soja président de l'Association nationale des producteurs d'oléagineux. "Ces restrictions, ont contrecarré un incitatif à planter davantage".

Des récoltes de tournesol ont pourri dans les champs car les agriculteurs ne pouvaient ni les vendre localement, ni obtenir des permis d'exportation,d'une bureaucratie inefficace. "Ce fut un désastre" se plaint Susano Terceros, qui a perdu une grande part de sa récolte.

Le coût politique de cette situation est grand pour le président Evo Morales. Après avoir été réélu de justesse en 2009, sa cote de popularité est maintenent à 45%. Morales consulte actuellement le secetur agricole, incluant les grands entrepreneurs agroalimentaires des régions de l'Est pro-capitalistes, où résident ses plus fervents détracteurs.

En décembre 2010, alors que les pénuries alimentaires se faisaient déjà sentir, le Gouvernement Morales a décidé d'éliminer les subsides sur le carburant, ce qui a fait grimper les prix de plus de 70%. Des milliers de citoyens sont descendus dans les rues, forçant Morales à abandonner cette mesure. Son gouvernement avait imposé un contrôle des prix et des exportations sur le maïs, le blé, le sucre et d'autres denrées en 2007. Deux ans plus tard il ajouta les huiles végétales et les oléagineuses à la liste des denrées qui désormais ne pouvaient être exportées que si les marchés domestiques étaient adéquatement approvisionnés.

Nemecia Achacoillo, ministre bolivien du développement rural affirmait que les contrôles des exportations étaient nécessaires pour prévenir que les denrées boliviennes ne soient bradées aux pays voisins, tels que le Pérou." Le Gouvernement est comme une mère qui doit veiller sur tous ses enfants. (...) Il est impensable que des aliments soient exportés tout en laissant des pénuries frapper des marchés domestiques, justifiait Achacoillo"

La Bolivie a longtemps produit le gros de son alimentation, mais les importations ont grimpé de 60% pour atteindre 143 millions de dollars au cours des trois derniers mois de cette année, pour compenser la chute rapide de la production nationale. Une double calamité de sécheresses et d'inondations sévères a frappé les terres en culture l'an dernier, tandis que des feux de broussaille ont ravagé les champs dans les basses terres de l'Est qui produisent le gros de la récolte. À présent, ce sont les hautes terres qui souffrent d'un climat erratique. Des champs dorés couverts de blé et d'avoine ont pourri sur pied en mai dernier dans la région d'Achaci sous des neiges précoces.



Photo 22 mai 2011 (AP Photo/Juan Karita): Paysannes boliviennes transportant une récolte d'avoine dans un champ près de Achacachi, Bolivie





L'avoine n'a pas rendu et n'est bonne que pour nourrir les animaux, se plaint Modesto Bautista, un paysan de 60 ans d'âge, dont le fils ne voyant plus d'avenir dans son pays a émigré récemment en Argentine. En transportant sa récolte d'avoine sur un camion pour l'acheminer vers un séchoir à proximité, Le vieux paysan déplore:" Ma récolte a aussi été frappée par le mauvais climat" Il blâme les changements climatiques.

les scientifiques préviennent qu'il ne faut pas juger sur une seule année pour attribuer les dommages aux récoltes à un changement du climat à long terme. Mais une étude publiée dans la revue Science par des chercheurs des universités Stanford et Columbia, révèle que les changements climatiques depuis 1980 ont eu un impact sur les rendements agricoles, faisant pression à la hausse sur les prix du blé et du maïs.

Contrairement à leurs voisins, les agriculteurs de Bolivie doivent compter plus grandement sur les chutes de pluies que sur l'irrigation. Ils ont été plus durement touchés par les caprices sévères du climat quand ont frappé les phénomènes d'El Nino et d'El Nina au-dessus de l'océan Pacifique.


Le Chili, le Pérou, le Brésil, le Paraguay, l'Argentine et la Colombie ont tous évité les les pénuries,ces dernières années, même si en quelques endroits on a souffert des destructions attribuables à la météo. L'Argentine a essuyé en 2009 ses pires sécheresses en 40 ans, entraînant des pertes de bétail, de blé det de maïs. Pourtant, malgré des hausses de prix, il n'y eut pas de pénurie. De fortes pluies ont endommagé une grande part des champs agricoles de Colombie cette années, mais les prix n'ont que peu primpé et aucune pénurie n'est survenue.

Dans la province bolivienne de Santa Cruz, le coeur du terroir agricole bolivien et un bastion du ressentiment envers le gouvernement d'Evo Morales, les agriculteurs disent que le contrôle des prix et de l'exportatoin sont autant à blâmer que le climat pour les malheurs du secteur agroalimentaire.

Les terres en culture dans leur région ont rétréci de 750,000 hectares en 2009 à 620,000 hectares en 2010. le maïs a subi le pire déclin, de de 150,000 à 90,000 hectares. Perez admet que la sécheresse est en partie responsable, mais que le gouvernement Morales l'est aussi en raison de ses politiques de bas prix qui ont dissuadé les semailles. Plus tôt cette années, des milliers de tonnes de sucre étaient exportées à perte de la Bolivie. Le gouvernement, impuissant à stopper l'hémorragie, était forcé de laisser le prix remonter à près du double.

L'inflation sur les prix de l'alimentation en Bolivie fut de 18,5 % en mars, la troisème en importance suivant le Vénézuela et le Paraguay, selon les statistiques de l'ONU. Maintenant, Evo Morales, lui-même un ancient planteur de coca, déclare que l'alimentation est sa priorité No. 1 et est en train de demander des avis aux agriculteurs." Avisez-moi, aidez-moi. Travaillons ensemble pour garantir notre production alimentaire" a-t-il dit le mois derniers, lors d'une rencontre avec les producteurs de canne à sucre. " Si nous avons eu des différends idéologiques dans le passé, maintenant la situation est différente."

Morales a fait une série de concessions et pris des décisions de dépenses qui ont été bienvenues du côté des agriculteurs pourtant dubitatifs envers lui. Une des concessions est de cesser de s'opposer à l'introduction des cultures génétiquement modifiées(GM), autres que le soja. Ce mois-ci, Morales a présenté un projet de loi qui autoriserait davantage de cultures GM.

Morales a aussi annoncé vouloir investir 1 milliard de dollars dans des projets agricoles au cours des 4 prochaines années et s'apprête à dépenser 100 M$ cette année sur des projets d'adduction d'eau et d'irrigation en tant que rampart contre de futures pénuries d'eau. Quelques producteurs sucriers ont contracté 20M$ en prêts gouvernementaux et les producteurs de maïs se réjouissent que le gouvernement paie 10% de plus pour leurs récoltes vendues à une entreprise d'État de distribution alimentaire.

Toutefois, les fermiers de Santa Cruz, qui ont entre leurs mains la grande part des productions de maïs, de sucre et de soja, veulent que le gouvernement relâche ses réglementations et encourage les investissements." Nous pouvons combattre les ravages de la nature, mais ce qui fait le plus de tort, ce sont les politiques inappropriées qui découragent la production", a déclaré
Gary Rodriguez de l'Institut national du commerce extérieur, un groupe leader du milieu des affaires bolivien. " Les producteurs en ont déjà plein les bras à se mesurer au climat".

Sources: Associated Press: Ian James (Caracas, Venezuela), Debora Rey (Buenos Aires, Argentine) et Vivian Sequera (Bogota, Colombie). Copyright © 2011 The Associated Press. Tous droits réservés.

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