mercredi 15 juin 2011

«l'eau est l'élément vital des peuples, nul ne peut la posséder" - Oscar Olivera ( Cochabamba, Bolivie)


Oscar Olivera

Voici le gars de Cochabamba à qui l'on doit la "citation du jour" que l'on retrouve dans le bandeau de droite de notre blogue.





Traduction commentée d'un article de Raul Limon, le 6 avril 2011,
par Fernand Dumont

Du haut de ses 56 ans et de sa petite stature physique, l’homme témoigne d’un grand calme. Oscar Olivera, d'origine aymara, est né à Oruro (Bolivie) et vit depuis sa jeunesse à Cochabamba. Il a me
né deux résistances populaires contre la privatisation des services publics, l'eau en 2000 et et le gaz en 2003. Cet ouvrier spécialisé dans la fabrication de chaussures (il a fait carrière à la Manaco, une filiale de Bata Canada) a une douzaine de frères et est père de six enfants; l'aîné a 32 ans et les deux derniers sont des jumelles de sept ans. Jeune travailleur, il s'est vite engagé dans le syndicalisme et la mobilisation sociale. Il a travaillé à développer des lieux d’échanges, de dialogues et de réflexions avec Evo Morales entre autres. Ce dernier, une fois élu président de la Bolivie en 2005 lui a proposé sans succès d'être ministre du Travail dans son premier cabinet. Cependant il a accepté de fabriquer des chaussures de taille 46 au président cubain Fidel Castro, après avoir tracé le contour de la plante de ses pieds sur du papier. Présentement, il est porte-parole de la coalition sud-américaine Coordinadora por la Defensa del Agua y la Vida.

Son vécu au cours de la guerre de l'eau de 2000 en Bolivie, a inspiré le film Même la pluie de la réalisatrice Iciar Bollain, et il s’est récemment rendu pour la troisième fois donner une conférence à Séville, à l’occasion des journées Eau, Rivières et Peuples pour la promotion de cette ressource comme droit humain. "Le film livre des messages très importants pour promouvoir le changement. La guerre de l'eau va au-delà de la lutte contre la privatisation, c'est que c'est une ressource pour la vie, c'est le sang des peuples, un cadeau de Mère Nature qui ne peut pas être une propriété. Ce n’est pas une affaire de syndicat, mais de peuple. Un représentant ne vaut rien sans lui.

Modestement, Olivera a accepté une invitation dans un restaurant à proximité du lieu de la conférence. Il n’aime pas qu’on le serve et il passe les plats à ses voisins, puis il fait le processus inverse envers la serveuse à la fin( ndt: en effet il n’agissait pas autrement lors de notre passage à Cochabamba en janvier 2010 alors que le groupe d’immersion BoliviedpQuébec l’a rencontré, lui et plusieurs membres de son réseau. Il ne boit jamais d'eau embouteillée. «À un euro pour une bouteille, dans mon pays, on se paierait 5.000 litres. Il s'agit d'une question morale », explique t-il. Il s’est réjouit quand la conversation est parti en tout sens et il en a profité pour savourer les légumes et la queue de bœuf, notant que ça se mange aussi en Bolivie avec du riz.

Son engagement social, Oscar l’a hérité de son grand-père et de son père, qui se sont battus contre le Paraguay lors de la guerre du Chaco pour le contrôle du gaz. Pendant la guerre de l'eau qui a fait plusieurs morts et plus de 300 détenus d’opinion, son leadership est venu de son engagement à la Fédération des travailleurs d'usine alors que la société civile se trouvait "sans droits et sans culture de la classe ouvrière." «On avait imposé un modèle économique et social dans lequel personne ne fait confiance à personne," se souvient-il. Son engagement a crée peu à peu un mouvement social rassemblant des prostituées les enfants-travailleurs, des communautés rurales vivant de l'irrigation et jusqu’aux producteurs de feuilles de coca. C’est parmi ces derniers qu’a émergé Evo Morales.

Tout le monde était opposé à la privatisation de l'eau. "Chaque porte de maison est devenue une barricade», se souvient-il. Le peuple, sans qu'on ait à lui dire, s’est élevé contre l'abolition et l’interdiction des systèmes de gestion collectifs ( public et/ ou communautaire) de distribution d’eau qui signifiait une augmentation des tarifs de 300%, qui nécessitait l'affectation de 20% du salaire pour payer la facture, et la nécessité de demander un permis pour stocker l'eau de pluie à la maison, le film tire son nom de cet extrémisme légal. Le résultat a été que «les gens ont cesser d’avoir peur." «On n’était pas disposé à ce que tout devienne une marchandise, on a vu que les processus ne sont pas irréversibles et qu’il faut construire un nouveau modèle de gestion incluant la participation populaire.

Source: l’Escuela Andina del Agua le mercredi 6 avril 2011 sur le site de la Fundacion Abril http://www.fundacionabril.org/

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