samedi 9 juillet 2011

" Rome, de ses origines à la capitale d'Italie"

Le musée de la civilisation de Québec propose une exposition sur les 2600 ans d'histoire de cette cité exceptionnelle qui a marqué tout l'occident par ses institutions militaires, juridiques et mercantiles. Tous les chemins menaient à Rome... Au moment où naît le christianisme....1,000,000 d'habitants-citoyens plutôt oisifs quand ils ne sont pas en mission militaire quelque-part dans l'empire pour préserver la pax romana et poursuivre l'extension du réseau routier.

Avec le IVe siècle et les invasions barbares, la grande cité se dépeuple...jusqu'à à peine 20,000 personnes à certains périodes du moyen-âge! Ce n'est pas la pénurie d'eau qui est en cause. Le génie romain avait développé un aqueduc plutôt performant (cette page du blogue Forum-Histoire.net est intéressante à lire: on commence par parler d'eau et on finit en parlant de nourriture et de gestions des terres cultivables). Mais nourrir un million de personnes ne va pas de soi. Le latifundium, système hyper-extensif d'appropriation et d'utilisation des terres basé sur l'esclavage, a fournit le second élément (avec l'eau et avant les jeux) de la recette du maintient de l'hégémonie politico-militaire romaine: le pain et l'huile et ce, grâce à la force de"travail"de populations réduites à la servitude. L'exposition n'explore pas cette question malheureusement.
(Étymologie du mot TRAVAIL : tripalium (latin populaire). -tiré du site de l'association de la presse francophone www.apfa.asso.fr-

Le mot latin populaire "tripalium" désignait un instrument d’immobilisation (et éventuellement de torture) à trois pieux. On appelle encore "travail" un appareil servant à immobiliser les chevaux rétifs pour les ferrer ou les soigner. Le mot "travail" désignait autrefois l’état d’une personne qui souffre (ce sens est toujours utilisé en obstétrique). Il a été étendu ensuite aux occupations nécessitant des efforts pénibles, celles des "hommes de peine", puis à toutes les activités de production.)

Les dites invasions barbares ont rompu le lien vital entre la grande cité et les latifundiæ qui l'approvisionnaient depuis toutes les provinces de l'empire. Après un millénaire à tâtons, Rome renaît avec la Renaissance...la renaissance des latifundiæ dans les continents sud -américain et africain particulièrement. Aujourd'hui. l'humanité est plus urbaine et "laborieuse"que jamais, le travail étant une vertu recherchée, (2011 marque le passage à une majorité d'urbains versus les paysans sur la terre). Une humanité plus migrante (de gré ou de force à la recherche d'un travail) que jamais aussi. Mais où sont les leçons de l'histoire à l'heure de mettre en place des pratiques agricoles porteuses de vie et d'avenir? Le système, historiquement plus que douteux, des latifundiæ et des campagnes militaires impériales est encore celui que le pouvoir économique impose, c'est là que va l'argent....non?

Écologiquement et même économiquement parlant, le latifundium et la guerre sont loin d'être des succès: ils ont nourrit la cité impériale légendaire par des cultures extensives ruinantes pour les sols et la mise en tutelle (n'est pas citoyen de pleins droits qui veut!) des peuples. Ce n'est pas le plus bel héritage que Rome nous ait laissé. Et nous, citadins-citoyens-privilégiés d'aujourd'hui, nous vivons grassement aux dépends de la servitude des paysans du sud et de l'asservissement progressif de ceux du nord...avec le déclin des fermes dites familiales.

Voir cette exposition et plonger dans l'histoire, c'est bien un bon départ avant d'aller plus loin, de nous pratiquer à exercer notre jugement, mesurer toute l'ampleur de nos privilèges de nord-américain et ajuster nos choix.


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