Campagne électorale 2012 au Québec | le dernier droit occulte des enjeux de la jeunesse

3 septembre 2012, Place d'Youville à Québec,  le téléjournal débutant à 10h00 était prolongé à 90 minutes pour faire un dernier tour de la campagne électorale des principaux partis en lice.Céline Galipeau et son équipe de la chaîne française de Radio-Canada avaient maille à partir avec une poignée de manifestants bruyants s'identifiant au "carré rouge". La technique de prise de son est venue à bout  d'étouffer la  des manifestants tonitruants. Le professionnalisme des communicateurs, dont certains ont connu de vraies guerres, a fait le reste.

Brandi derrière les trois commentateurs politiques on pouvait entrevoir à l'écran un grand drap rouge où était inscrit: " ÉCOUTEZ VOTRE JEUNESSE". Force est d'admettre que la jeunesse du Québec n'a pas beaucoup été écoutée durant cette campagne, bien que dès 18 ans on puisse exercer son droit de vote, donc celui d'interpeller les partis et les candidats.

 À Québec la manifestation nocturne " carré rouge" du 3 septembre fut déclarée "illégale" dès son ébranlement devant l'Assemblée nationale. Le groupe malmené par quatre arrestations fut réconforté quelques instants par la fanfare "Tintanar" sur la place. L'attroupement entremêlé de badauds était déjà décimé à l'heure du téléjournal en plein-air, lui servant tout au plus d'arrière scène plus vivante que les décors d'opérette en pierre taillée  conçus par Lord Dufferin pour la "vieille capitale" à la fin du 19e siècle.

Paraît-il, selon les analystes  qu'un vote massif des jeunes permettrait à Pauline Marois d'obtenir un gouvernement majoritaire du Parti québécois . Ce dernier en a appelé à pleines pages dans les journaux et les médias sociaux, au cours du dernier droit de la campagne à un "vote stratégique". Les jeunes auront -ils marché avec ce battage publicitaire?

Pour un premier ou un deuxième vote dans la vie d'un électeur, c'est beaucoup demander. Un vote selon les convictions des jeunes progressistes et souverainistes irait plutôt favoriser Option nationale et Québec solidaire, lesquels partis au demeurant, ne peuvent prétendre sérieusement à former un gouvernement. Tout au mieux ces derniers, pourraient-ils obtenir la " balance du pouvoir" ? C'est ce que nous verrons dans quelques heures. Sur place étaient aussi amassés des jeunes fans de Radio Rouge 93,3 qui sont plutôt du côté de la CAQ et du PLQ. Quelques altercations verbales entre les deux groupes de jeunes venaient aussi troubler la quiétude des lieux. C'eût été disgracieux que le SPVQ dûsse intervenir. L'autorégulation parmi les jeunes a fait son oeuvre et les derniers moments de l'arrière scène furent pacifiques et silencieux.

Enjeu majeur pour les enfants et leur droit à une famille fut  occulté | Le scandale de la maltraitance et de la négligence envers des enfants confiés à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), pourtant décrié par l'ex-juge Andrée Ruffo en début de campagne, a passé complètement sous le radar des grands partis et des médias. Décidément les services sociaux dédiés aux jeunes, l'instruction publique , l'éducation politique, civique  et générale de la  jeunes ne sont pas parmi les priorités des grands partis. On n'a parlé que des coûts de l'éducation, des commission scolaires

Qualifiée de "palpitante, intéressante, chaudement disputée, etc. dans les mass médias" cette campagne a brossé sous le tapis de nombreux sujets qui préoccupent les jeunes et qui sont cruciaux pour le devenir du Québec et de la Planète: lutte au réchauffement climatique, décroissance de la consommation de biens périssable; gaspillages d'énergies et des ressources naturelles; le développement durable des ressources et la gouvernance participative des territoires avec les Premières Nations et les communautés régionales; politiques forestière, bio-alimentaire, minière, énergétique, de santé et services sociaux, et surtout: les ententes que contractent nos gouvernements en catimini, qui sur l'exploitation de nos richesses collectives, qui sur l'Accord économique et commercial global Canada-Union Européenne (AÉCG), qui sur le maintien du crédit à bon compte et du sur-endettement  pour favoriser les banquiers.

Non le moindre sujet abordé sou le seul angle de la trouille référendaire, fut la réforme de nos institutions démocratiques, bien que le système électoral actuel conçu pour le bipartisme à la britannique s'avère tout à fait inadéquat pour refléter fidèlement la pluralité politique actuelle au Québec. Encore une fois basée sur des slogans au lieu d'être basée sur des faits et de réelles délibérations, cette campagne électorale s'inscrit dans une continuité qui désole et déconcerte le peuple et surtout les jeunes, à preuve, la grande proportion d'indécis la veille-même du vote. Le risque est que ces indécis décident ultimement de ne pas aller voter. Ils auront eu tort, encore une fois. Pouvons-nous rêver d'une participation à 75% des électeurs inscrits? Nous y reviendrons au lendemain du vote.