mercredi 12 octobre 2011

Néocolonialisme agraire: Vers les agro-guerres de demain ?

Pour introduire l'enjeu, voici:Une enquête d'Alexandra Renard, Melissa Bell et Mounia Ben Aïssa diffusée sur vidéoreportage(12:23) sur FRANCE 24 à l'Émission "Intelligence économique", le 24 décembre 2009

L'accaparement des terres arables s'est accéléré depuis quelques années, aux dépens parfois des paysans locaux. Une ruée qui se transforme en guerre entre les investisseurs pour l'acquisition des meilleures terres agricoles.

Aucun continent épargné
On estimait en 2008 qu'environ 10 millions d’hectares avaient été cédés, principalement en Afrique et en Amérique du Sud. L’Asie, l’Europe de l’Est et l’Australie sont tout aussi concernées par ces transactions. Le Pakistan, l’Indonésie, l’Ukraine, ou encore la Roumanie sont les nouveaux greniers à céréales. Un phénomène qui s’accélère chaque année, en nombre de « deals » conclus mais aussi en proportion de surfaces cédées. En 2009, on appréhendait 30 millions d'hectares ainsi sous séquestre pour des monocultures d'exportation.

Comme l’explique Jeanne Zoundjihékpon, militante à l’ONG internationale GRAIN en Afrique francophone, l’accaparement des terres arables a de nombreuses conséquences néfastes sur les populations.

« La terre est à la base de la vie sociale en Afrique. Si les paysans vendent leur terre, ce sont toutes les valeurs traditionnelles qui se perdent, tout le tissu social qui se déchire. Mais pas seulement, la sécurité alimentaire est aussi menacée. Les petits paysans dépendront de ce que les nouveaux exploitants produiront et des prix qui leur seront imposés. Les denrées alimentaires seront d’autant plus chères si la production agricole est destinée à la fabrication de biocarburants. Enfin, les monocultures pratiquées sur des surfaces importantes mettent directement en danger la biodiversité locale».

Bénin: 10% des terres agricoles déjà accaparéées
SYNERGIE PAYSANNE, le syndicat National des Paysans du Bénin (SYNPA) affronte de grands investisseurs étrangers et se confronte à la "Loi sur le foncier rural" qui favorise la vente massive des terres. SYNPA tâche de briser le monopole des services et intrants agricoles et tâche de créer des alliances stratégiques dans le monde paysan pour lutter contre les menaces qui pèsent sur l’agriculture.


Dans une étude scientifique publiée en août dernier "Les impacts des appropriations massives de terres agricoles sur le développement local, 2011", les auteurs engagés par SYNPA concluaient ainsi: "Les impacts des appropriations massives de terres agricoles sur le développement local des sept communes étudiées sont majoritairement négatifs, et la paupérisation et l’insécurité alimentaire guettent ces localités où le phénomène prend de l’ampleur. Il est donc temps d’agir de manière à contenir ces effets négatifs et d’inverser les tendances afin que l’agriculture reste le premier facteur de développement du Bénin". L'Étude formulait ensuite des propositions en ce sens.

GRAIN, Via Campesina avec d'autres , le 17 avril 2011 publiaient ce manifeste: Il est temps de proscrire l'accaparement des terres, pas-question de la-rendre responsable!, dont voici un extrait:

Du 18 au 20 avril 2011, une rencontre de 200 investisseurs agricoles, responsables gouvernementaux et fonctionnaires internationaux aura lieu au siège de la Banque mondiale à Washington, afin de discuter la façon “d’opérationnaliser” les acquisitions foncières à grande échelle de façon responsable. À Rome, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, installé dans les locaux de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, s’apprête à lancer un processus de consultation sur les principes proposés pour réglementer ces transactions. De leur côté, conscients de l’extrême urgence de la situation, les mouvements sociaux et les organisations de la société civile (OSC) se mobilisent pour mettre fin à l’accaparement des terres et défaire les accords déjà en application.
Pourquoi La Banque mondiale, les agences onusiennes et bon nombre de gouvernements concernés s’efforcent-ils de favoriser ces accords d’accaparement de terres comme des “investissements agricoles responsables?


La question est lancée la lutte se poursuit. GRAIN et les OSC dont font partie Développement et Paix et plusieurs de ses partenaires paysans au Sud tâchent de faire contrepoids à ce néocolonialisme agraire, à ce véritable Hold -Up corporatif des ressources vivrières des pays appauvris.

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